Les Sâdhus, ces gens hors du monde
Il est en Inde une catégorie de personnes qui n’a chez nous pas d’équivalent, et qui pourtant est un véritable symbole de ce pays hors norme : les Sâdhus
Les Sâdhus sont des gens que l’on rencontre sur les routes de l’Inde. Vêtus le plus souvent en orange, avec des colliers mallas , des symboles religieux dessinés sur le corps, des cheveux longs, ils sont le symbole de la spiritualité indienne.
Les Sâdhus interrogent, surprennent et même intimident ( voire effrayent ) certains touristes occidentaux.
Mais qui sont réellement ces gens atypique ? Comment vivent ils et que ce cache derrière leur longue barbe et leurs dread locks?
Un Sâdhu est un renonçant
Un Sâdhu est une personne qui décide volontairement de consacrer sa vie à la religion et la spiritualité.
Son but ultime est de réaliser Dieu, la Vérité, le Grand Tout, le Soi. En d’autres termes d’atteindre la Libération, le Nirvana, Moksha.
Pour cela le Sâdhu renonce à tout de la vie moderne et matérielle . Il ne travaille pas, il a coupé les liens avec sa famille et n’a pas de domicile fixe. Il vit sans attache aucune, ni matérielle, ni affective. L’argent, la renommée, les plaisirs charnels, la possession ….tout cela ne fait plus partie de sa vie.
Une vie sans désir ni attachement qui lui permettra de parvenir à la libération de l’ego .
Le Sâdhu est non violent, il ne se mêle pas au brouhaha du monde. Il vit une vie tournée vers l’intérieur .
Comment vit un Sâdhu
Un Sâdhu a une vie solitaire et itinérante. Il passe du temps dans des endroits souvent retirés, dans les montagnes, les forêts. On le rencontre aussi dans les lieux sacrés et les temples.
Il dors dehors ou dans des abris pour Sâdhus, mange ce que les gens lui offrent.
Parfois plusieurs Sâdhus se regroupent pendant quelques semaines pour partager leurs expériences, puis chacun reprend sa route de son côté.
Son seul baguage sera un sac en toile contenant ses rudiments de survie.
Sans contrainte matérielle, le Sâdhu vit une vie de lâcher prise, s’en remet totalement à Dieu, à la Vie. Ils ne planifie rien et va où le vent le mène.
Un véritable Sâdhu apprendra les textes sacrés et religieux, pratiquera la méditation, parfois aussi le yoga.
Comment devient on Sâdhu?
N’importe qu’elle personne peut décider de devenir Sâdhu, que l’on soit homme ou femme. Il y a plus d’hommes cependant, et les femmes Sâdhus sont plus rares et plus discrètes aussi.
Toute religion est possible, bien que la plupart soient d’origine hindoue.
Au départ, un Sâdhu est une personne qui ressent un profond appel intérieur, qui est en recherche de réponses existentialistes, en recherche de vérité.
En devenant Sâdhu, la personne portera la couleur orange, symbole du renonçant.
Il laissera pousser sa barbe et ses cheveux, et portera sur lui nombreux symboles religieux, comme des mallas, des symboles de Shiva…
Un Sâdhu peut suivre sa propre route personnelle et solitaire. Il peut aussi suivre un enseignement spirituel ou religieux auprès d’un autre Sâdhu qui deviendra son guide spirituel, son Guru.
Les Sâdhus, docteurs et psys dans la société indienne
Véhicules de la connaissance spirituelle et religieuse, les Sâdhus sont des personnes très respectées en Inde.
Les gens viennent écouter leurs enseignements, et viennent aussi confier leurs problèmes. Les Indiens ne vont pas chez le psy, ils préfèrent consulter les Sâdhus.
En échange de son Darshan ( sa présence, son énergie, son savoir) on le nourrit et lui donne la Dakshana ( offrande financière).
Les Sâdhus connaissent bien les textes ancestraux, mais aussi la médecine et la nourriture ayurvédique. On les consulte aussi en cas de problèmes physiques.
La couleur de leur robe orange rassure et les Indiens leur font confiance.
Lorsque vous allez voir un Sâdhu, il faut leur toucher les pieds en signe de respect.
C’est un moment où vous allez lâcher votre ego afin de recevoir leur bénédiction, leur » blessing ».
Tout le monde peut aller voir un Sâdhu. Certaines personnes riches croient beaucoup à leurs pouvoirs bénéfiques et leur offrent de larges donations.
Différents types de sâdhus
Il existe différents types de Sâdhus. Certains vivent seuls et retirés dans les montagnes. D’autres suivent une lignée et un certain type de pratiques religieuses. D’autres encore pratiquent le yoga .
Certains font vœux de silence, d’autres ne mangent qu’un certain type de nourriture. D’autres encore vivent complètement nus, couverts de cendres.
Certains sâddhus expérimentent des austérités de vie. Par exemple, vivre avec un bras levé en permanence, ou bien ne jamais se couper les ongles et les cheveux, ou encore ne se tenir que sur une jambe pendant des années… Ces cas sont extrêmes, mais on peut en rencontrer parfois.
Cette diversité des pratiques et une chose très caractéristique de l’Inde et de l’Hindouisme. Chacun vit sa religion selon ses aspirations . Il y a une grande tolérance et liberté de pratique pour chacun. Personne ne force personne.
C’est la raison pour laquelle l’Hindouisme n’a jamais été exporté hors de l’Inde. Ici personne ne lutte pour faire valoir ses idées et croyances. C’est une démarche de pure non violence où chacun est libre de suivre son propre chemin.
La Kumbmêla
Kumb veut dire union, Mêla veut dire foire.
Tous les 3 ans les Sâdhus se réunissent dans une des 4 villes sacrées ( Haridwar, Nassik, Ujjain, helabad) , ce qui représente un cycle de 12 ans.
C’est ici l’occasion de prendre un bain dans le Gange, afin d’y purifier l’eau par leur énergie sacrée. C’est aussi une occasion de rencontrer des êtres éveillés, des grands sages et d’y recevoir des enseignements spirituels.
Cette » foire » aux Sâdhus existe nulle part ailleurs dans le monde. Ces rassemblements sont impressionnants à voir, complètement déroutants pour nous occidentaux.
Les Sâdhus viennent des quatre coins du pays, c’est une réunion exceptionnelle. Beaucoup de non Sâdhus se rendent aussi à ce rassemblement sacré pour recevoir les bénédictions de ces sages et offrir des donations.
Le Chilom des Sâdhus
Une grande partie des Sâdhus fume le Chilom, mélange de tabac et de marijuana . Pour eux, cette herbe est sacrée, symbole du dieu Shiva. C’est en fumant puis méditant qu’ils arrivent à atteindre des états élevés de conscience .
En Inde, le cannabis est illégal, sauf pour les Sâdhus, qui peuvent même s’en procurer gratuitement.
Les Babas, des Sâdhus version soft
Il est important ici de préciser que les véritables et authentiques Sâdhus, ceux qui suivent une voie pure de dévotion, ces personnes là sont peu nombreuses en réalité et vivent retirées du monde.Il est difficile d’approcher les véritables Sâdhus.
Les Sâdhus que l’on rencontre dans les villes et sur les routes sont souvent des Babas. Ils ont choisi de porter l’habit orange et de vivre une vie itinérante , plus pour le style de vie que pour une véritable recherche spirituelle. Ces derniers sont plus accessibles, et passer du temps en leur compagnie est possible en l’échange de quelques centaines de roupies.
Leur dévotion est plus réduite, leurs connaissances spirituelles plus limitées. Ils suivent simplement les enseignements religieux de leur Guru . Ce sont des gens simples qui veulent vivre une vie sans contraintes.
On trouve dans cette catégorie des gens sincères mais aussi beaucoup de » fake babas », des faux Sâdhus, qui profitent de la couleur de leur tunique orange pour ne pas travailler et vivre une vie facile.
Ce qui fait la différence entre un Sâdhu véritable et un Baba, c’est la qualité de sa connaissance et son avancement spirituel.
Quand un Baba rencontre un autre Baba, qu’est ce qu’ils se racontent?
Des histoires de babas…..
Les babas sont toujours des êtres humains avec leurs sensibilités et émotions.
Ce sont des gens très joyeux et rieurs, qui aiment aussi partager avec d’autres Sâdhus ou Babas. Il ne sont absolument pas austères.
Alors autour d’un tchai ou d’un Chilom, ils parlent le plus souvent de leurs expériences de route, des lieux de pèlerinage à visiter, de leurs expériences intérieures, leurs pratiques de yoga…Mais aussi du dernier Baba rencontré en chemin, de la Kumbmella passée, de la qualité de la marijuana..ils chantent des mantras en l’honneur de Shiva.
Ils se réunissent souvent autour de leur Douna, un feu sacré, et cuisinent ensemble au feu de bois.
Les Sâdhus moins respectés dans la société moderne
l’Inde moderne respecte à présent moins les Sâdhus. La société de consommation petit à petit efface la tradition spirituelle.
Les familles modernes ne souhaitent pas que leur fils devienne Sâdhu. Maintenant on veut que son enfant rapporte de l’argent.
Personnellement, lors de mes séjours à Pushkar, j’ai parfois l’occasion de rencontrer des Babas, quelquefois des Sâdhus . Je les trouve très beaux,ils ont une vraie grâce, un regard fascinant…J’aime leur compagnie et apprends beaucoup juste en les regardant…
Je vous conseille un livre passionnant sur le sujet : Sâdhus, de Patrick Levy. Il y raconte sa vie passée auprès d’eux pendant toute une année.
Sur You tube on trouve aussi des vidéos sur la Kumbmella
Et vous , avez vous déjà rencontré des Sâdhus ou Babas lors de vos voyages en Inde? Qu’en pensez vous
Si mon article vous a plu, vous pouvez me laisser un petit commentaire, ou bien le partager…cela fait toujours plaisir:)
Om nama shivaya! Jay Bolenath!
Sandrine
14 commentaires
Sandrine, merci pour tous ces détails et toutes ces explications… tu vis des moments fascinants !!!
bisous Chantal LAMOUROUX-GUINOT
Merci Chantal pour tous tes gentils commentaires. Je te souhaite de partir toi aussi en Inde et de vivre aussi de très bons moments. Namaste:)
Quelle belle idée ce blog, tu nous fais partager tes connaissances et l’on apprends tout au long de tes lignes, c’est fabuleux et très bien fait
Peut être qu’un jour tu écriras tout cela sous forme « d’essai », et de ce fait nous permettra de l’avoir à proximité, par exemple sur la table de nuit..
Merci
Merci Pascale pour tes encouragements…je débute ce blog et c’est vrai que je prends beaucoup de plaisir à partager mes expériences. Ce que je vis en Inde, il est souvent difficile pour moi de le raconter de vive voix, et l’ecrire deviens plus facile. Et j’ai beaucoup de choses à raconter…
J’ai eu l’occasion de rencontrer des Sâdhus et des Babas en Inde.
Moi, ils me fascinent autant par leur connaissance que par l’énergie qu’ils dégagent.
Merci pour cet article très explicite.
Superbe article! Je viens de passer quelques jours en leur compagnie à Varanasi, j’en ai rencontré d’autres à Jaisalmer et Delhi, et je trouve ta description tellement conforme à ce que j’ai vécu…
Merci, j’ai écris ma propre expérience avec eux lorsque j’ai la chance de les rencontrer à Pushkar. Om nama shivaya 🙏
Merci pour vos explications.
Avec plaisir🙏
Merci pour ce témoignage très inspirant pour moi qui suis français (d’adoption malgré moi) et d’origine indienne.
Je n’est pas encore eu l’occasion de me rendre en Inde, mais ton article me « réchauffe » quelque part…
Namasté 🙏🏾
Je suis heureuse que mon article t’inspire et je te souhaite de partir en Inde un jour! Namaste
Sandrine bonjour,
J’ai beaucoup appris en vous lisant.
Et vous remercie pour ces explications précises et passionnantes.
Bonjour, merci pour ce bel article. Parti de France en juillet 1968 au gré des vents pendant un an et demi, j’ai passé plusieurs mois avec des sadhus en Inde, entre 1968 et 1969, ayant été récupéré en grande détresse et remis sur pieds par Purandas Baba, de Bushawal. Nous nous sommes rendus dans une maha kumbmella, en 1969, que j’ai ensuite quitté à pied avec deux de ses condisciples. J’essaie de me rappeler dans laquelle des quatre villes s’est déroulée cette kumbmella, mais n’en trouve pas d’indication. En auriez-vous une idée ?
Merci
Bonjour
Je ne sais pas non plus, désolée . Merci pour votre commentaire . Om namo Narayan 🙏